jeudi 17 décembre 2009

COPENHAGUE : QUAND SARKOZY RECOURT A L'AFRIQUE

Linternationalmagazine.com , publié le 17/12/2009

Nicolas Sarkozy veut rapprocher les intérêts des Africains, ceux des grands émergents incarnés par Lula et ceux des pays industrialisés qu’il entend représenter pour contrer les États-Unis de Barack Obama, un des principaux pollueurs de la planète.

Copenhague : quand Sarkozy recourt à l'Afrique

À deux jours de son arrivée dans l’arène de Copenhague, Nicolas Sarkozy est à la manœuvre dans les conditions de pression maximale qu’il affectionne. Son agenda, comme celui de son équipe diplomatique, est très largement consacré aux contacts téléphoniques et aux rendez-vous susceptibles de lever les obstacles, encore considérables, sur la voie d’un accord sur le climat, espéré vendredi soir dans la capitale danoise. Son arrivée y est prévue jeudi dans l’après-midi.

Sitôt sur place, le chef de l’État s’entretiendra avec le Brésilien Lula et l’Éthiopien Meles Zenawi, porte-parole de la cinquantaine de pays d’Afrique présents à Copenhague. Tous trois tiendront ensuite une conférence de presse conjointe. Celle-ci doit avoir lieu à l’hôtel d’Angleterre, où descend Nicolas Sarkozy, afin d’échapper au maelström du Bella Center, le site de la conférence menacé de saturation.

Un événement significatif : c’est en rapprochant les intérêts des Africains, ceux des grands émergents incarnés par Lula et ceux des pays industrialisés qu’il entend représenter, que Nicolas Sarkozy espère faire bouger les États-Unis et la Chine, les deux principaux pollueurs de la planète. « Les négociations s’annoncent très difficiles, commente-t-on à l’Élysée. Si les deux acteurs majeurs ne trouvent pas de terrain d’entente, tout ce que les autres pourront faire ne servira à rien. »

Tissé depuis des semaines, ce fil stratégique a connu cette semaine un déroulé accéléré. Lundi, Nicolas Sarkozy a consolidé son « alliance » avec les émergents en recevant Susilo Bambang Yudhoyono, le président indonésien dont le pays abrite le 3e bassin forestier au monde.

Parallèlement, de gros efforts ont consisté à ramener dans le jeu les pays les plus pauvres, notamment les Africains, faibles pollueurs mais principales victimes du réchauffement climatique. Lundi, les pays africains ont manifesté leur colère en suspendant leur participation aux groupes de travail pour protester contre le manque d’attention portée à l’avenir du protocole de Kyoto, qui seul impose des contraintes aux pays développés.

Une initiative qui, selon les diplomates occidentaux, aurait été favorisée par la Chine pour détourner la pression internationale en faveur d’efforts accrus de sa part. D’où l’importance du texte signé mardi entre la France et l’Afrique, à l’issue du déjeuner entre Nicolas Sarkozy et Meles Zenawi. « Un moment clé », estime un proche du chef de l’État en insistant sur le fait que l’« Afrique fait partie de la solution à Copenhague ».

Le document, qui inclut des objectifs chiffrés - la limitation du réchauffement à 2 °C en 2050 par rapport à l’ère préindustrielle et la limitation de 50 % des émissions globales de CO2 par rapport à 1990 - vise surtout à rassurer les Africains sur la question du financement. Il évoque une aide annuelle de 10 milliards de dollars jusqu’en 2012, dont la France souhaiterait qu’elle aille à hauteur de 40 % pour l’Afrique et, à 20 %, pour limiter la déforestation.

Celle-ci marquera d’ailleurs, mercredi, le deuxième temps de cette marche africaine : Nicolas Sarkozy reçoit à l’Élysée les dirigeants des pays du bassin du fleuve Congo, deuxième aire forestière de la planète.

Associé aux émergents, le renfort des bataillons africains permettra-t-il, par effet d’entraînement, de surmonter l’inertie du duo sino-américain ?

Envimédias

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